La thématique des métaux mineurs critiques a pris une ampleur tout à fait remarquable ces dernières années, notamment en ce qui concerne l’approvisionnement en métaux rares essentiels au développement d’industries innovantes de haute technologie, et tout particulièrement celles associées aux énergies vertes.

On parle des métaux critiques, des éléments chimiques, utilisés en très petite quantité dans

l’industrie de haute-technologie, pour lesquels les risques industriels liés à un déficit de l’offre sont élevés et pour lesquels il n’y a pas de substitution possible. Ils sont pleinement intégrés à l’industrie d’aujourd’hui. Ils sont présents dans tous les objets « modernes » qui nous sont indispensables : téléphones portables, ordinateurs, écrans plats, lasers, réfrigérateurs…

Les métaux rares constituent une palette riche d’environ cinquante éléments dans laquelle puisent aujourd’hui les métallurgistes pour élaborer de nouveaux matériaux. Bien qu’ayant tous des applications spécifiques, on peut cependant caractériser ce groupe par un ensemble de critères communs : quantitatif (petites productions), technique (majoritairement des sous-produits de l’industrie minière et métallurgique), économique (produits à valeur élevée, principalement en raison d’un haut degré de pureté), critique (présence indispensable dans de nombreux produits high-tech), de comportement (alternances de périodes de marché atones, de crises, voire de pénuries).

Face à la demande, l’offre minière et métallurgique apparait de plus en plus contrainte par de nombreux facteurs techniques, économiques et politiques. Dans ce nouveau contexte, quelles sont les actions possibles à différents niveaux (entreprises, groupement d’entreprises, national, européen) et différents pas de temps (court, moyen et long termes) pour approvisionner le marché, c’est-à-dire satisfaire la demande des industriels manufacturiers sans crise, ni pénurie de matières premières.

En raison des quantités faibles mises en jeu, même avec des prix élevés, la valeur de la production primaire de chacun des métaux rares reste au final faible :200 M$ pour le néodyme, 250 M$ pour l’indium, 270 M$ pour le rhénium, 700 M$ pour le lithium. Seuls quelques-uns comme le cobalt, le platine et le molybdène dépassent le milliard de dollars US. Cette faible importance économique explique non seulement pourquoi les métaux rares ont peu de visibilité, écrasés par le poids des grands métaux industriels, mais aussi pourquoi ils n’intéressent pas les grandes entreprises minières (« majors »), autrement que comme sous-produits fatals de leurs usines métallurgiques, voire même des sous-produits de sous-produits. Ceci explique aussi pourquoi les prix des métaux rares sont le plus souvent proches de leurs prix plancher, périodes atones entrecoupées de hausses généralement relativement brutales (crises) quand l’équation offre-demande est déséquilibrée.

Alors pour certains sous-produits, une surproduction semble inévitable à long terme. La croissance Durable de la demande mondiale en métaux industriels d’origine minière s’accompagne d’une baisse généralisée des teneurs des gisements de métaux de base et impose une meilleure récupération des sous-produits, devenant une composante significative de l’économie des projets (cobalt pour les mines de nickel latéritique ou le cuivre de la Copperbelt de Zambie et de République Démocratique du Congo – RDC ; molybdène pour les porphyres cuprifères andins).Seules de petites sociétés minières spécialisées exploitent les mines où les métaux rares sont des co-produits ou des produits principaux. Pour survivre aux périodes de faible demande, elles doivent exploiter un gisement exceptionnel de classe mondiale et souvent présenter

Des crises de prix à la pénurie

Les crises de prix jalonnent de manière récurrente l’histoire des métaux rares. Les crises liées à l’offre correspondent à des interruptions temporaires et conjoncturelles de la production. Elles sont de nature accidentelle (Ordre technique, climatique ou social), aussi bien qu’intentionnelle par assèchement délibéré de l’offre, par des restrictions à l’exportation (mise en place de quotas), ou par un stockage spéculatif

Les deux défis majeurs du recours aux ressources minières

Dans l’optique de la sécurisation des approvisionnements, on identifie deux enjeux : à l’amont, le défi de sécurisation de la filière minière et à l’aval celui de la maîtrise de la filière métallurgique incluant l’élaboration des semi- produits.

Sécurisation de la filière minière

La première voie, celle de la prospection, impose des délais longs, difficilement compatibles avec les prospectives de crises identifiées pour les trois métaux considérés précédemment. En effet, de tels projets lancés aujourd’hui ne permettraient pas d’alimenter le marché en produits semi-finis avant au minimum 10 à 15 ans, en admettant que ces prospections conduisent à la découverte de gisements économiquement exploitables. L’idée

de relancer des prospections sur le territoire national se heurte de plus à des obstacles administratifs, environnementaux et sociaux qui retarderaient encore plus ou même inhiberaient le projet.

Sécurisation de la filière aval (métallurgie et élaboration des semi-produits)

Ce serait une erreur de n’envisager l’approvisionnement d’une industrie qu’en terme de ressource primaire, car c’est toute la filière de la mine jusqu’au produit semi-fini qui doit être sécurisée. On arrive ainsi à la notion essentielle de filière intégrée de la mine aux produits, à l’instar du programme américain sur les terres rares intitulées « mine to magnet ». L’exemple des terres rares est à cet égard parfaitement démonstratif. Rhodia, qui contrôle une production minière et effectue une première séparation en Chine, réalise en France une purification avancée et l’élaboration de luminophores et de catalyseurs via des formulations complexes (« compounds»).

                                                                                                                       J.C Sam.

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